Résumé
Plusieurs recherches font état de problèmes associés à l’hypersexualisation chez les adolescents (APA, 2007; Duquet, 2013). L’hypersexualisation est toutefois peu documentée chez les jeunes adultes. Or, tandis que leur identité est encore en formation et que leur sensibilité aux influences sociales est grande (Papalia, Olds, & Feldman, 2007), les jeunes adultes sont exposés à des messages normalisant des comportements hypersexualisés (Stinson, 2010) et suggérant qu’ils doivent avoir plusieurs partenaires sexuels avant de s’engager dans un couple (Vanderdrift, Lehmiller, & Kelly, 2012). À cet effet, les données de Statistiques Canada (2012) montrent un recul dans la capacité des jeunes adultes à former des unions conjugales stables. Ces données justifient la pertinence d’étudier les corrélats de ce manque de stabilité conjugale. La présente étude vise à explorer les liens entre le degré d’hypersexualisation des jeunes adultes et leurs degrés de satisfaction et d’engagement conjugaux. Au total, 654 hommes et femmes âgés de 18 à 29 ans ont répondu à des questionnaires en ligne évaluant l’hypersexualisation (Brassard et al., 2014), la satisfaction conjugale (Sabourin et al., 2005) et l’engagement amoureux (Sternberg, 1997). Des analyses de régressions linéaires multiples ont révélé que l’adoption de conduites hypersexualisées chez les jeunes adultes est reliée à de plus faibles degrés de satisfaction et d’engagement dans leur couple. Au contraire, le fait d’attribuer un sens profond et intime à la sexualité est lié à plus de satisfaction conjugale et d’engagement amoureux. Ces résultats suggèrent l’importance de considérer les enjeux liés à l’hypersexualisation des jeunes adultes dans les interventions ciblant l’amélioration de leurs relations conjugales.
Dre Lise Marcotte, psychologue, D.Ps., M.Ps. (psycho), M.A.(sexo)
Psychologue et sexologue
Thèse de doctorat en psychologie, 2014