1- D’abord, il faut être capable de reconnaître les différentes manifestations de l’anxiété en observant le jeune.
Les manifestations comportementales des enfants et des adolescents varient.
On peut observer :
– une hypersensibilité anormale pour cet enfant, par exemple, facilement des larmes aux yeux ou des pleurs;
– des irritabilités plus grandes que normalement, des colères plus fréquentes ou plus intenses;
– des périodes où le jeune est dans la lune ou plus silencieux que d’habitude ou au contraire plus volubile, plus excité, nerveux, maladroit;
– des difficultés pour s’endormir ou des mauvais rêves ou même des cauchemars.
Chez l’adolescent, il peut y avoir plus d’isolement dans sa chambre ou plus de consommation d’alcool ou de drogues.
2- Ensuite, on doit nommer ce que l’on observe pour ouvrir le dialogue.
Par exemple, « Tu pleures beaucoup de ce temps-ci » suivi de « T’as beaucoup de peine? C’est quoi qui te fait pleurer? À quoi tu penses quand tu pleures? ». L’enfant peut ainsi être amené à se confier, à laisser aller plus son émotion et à s’en dégager.
Souvent, quand on dit aux parents de parler avec leurs enfants, ils leur parlent effectivement, mais ils n’écoutent pas suffisamment.
Dans le même exemple, l’enfant qui pleure, pourrait dire « J’ai peur de ne jamais pouvoir retourner à l’école ». Et le parent : « Je comprends. Ça fait longtemps que tu n’es pas allé à l’école. ». Et l’enfant : « Je m’ennuie seul à la maison. J’ai personne pour jouer avec moi ». Le parent : « Oui, ça devient plate. Je comprends ton ennui ». Cette petite phrase toute simple qui est « je comprends », quand on comprend vraiment l’autre, ça fait beaucoup de bien. Être compris c’est rassurant, ça donne de la sécurité, laquelle est évidemment contraire à l’anxiété. Puis, on peut dire : « Laisse-moi te réconforter un peu » et le prendre dans ses bras. Ou « Est-ce que tu aimerais qu’on passe du temps ensemble ce soir?»
3- Se changer les idées, alléger l’atmosphère, lui dire : « Normalement on n’est pas souvent ensemble. On va en profiter pour se gâter. Notre gâterie sera d’être ensemble toi et moi et de s’amuser ».
Les jeunes enfants apprécient toujours le temps passé seuls avec leurs parents à faire des choses plaisantes. Ils se sentent priorisés. Quand, on est super occupé chacun de son côté, c’est difficile d’organiser du temps pour s’amuser et rigoler ensemble : on peut en profiter quand on est « confinés » ensemble!
Les adolescents, en général, préfèrent faire des activités (ou ne rien faire 😉 avec leurs amis, mais ça peut faire des « retrouvailles » intéressantes que de s’installer ensemble parents et « grands enfants » et, selon les goûts : placoter, bricoler, jouer à un jeu de société ou à un jeu-vidéo, colorier, dessiner, regarder des sports à la télé ou des téléséries, faire un casse-tête ou une recette ou un sport à l’extérieur, voir un spectacle en ligne, lire collés l’un contre l’autre, chanter en karaoké, danser, s’entraîner, jouer dehors, etc.
4- Il faut savoir que tout ce qui est bon pour le moral est bon contre l’anxiété. Alors, on stimule volontairement la production d’hormones du bien-être (la sérotonine, la dopamine et les endorphines).
1) La façon « championne » de stimuler la production des hormones du bien-être, c’est de bouger. Alors, on met notre musique préférée et on danse. On met notre vidéo d’exercices préféré et on bouge les bras, et on bouge les jambes et on bouge tout le corps, on s’étire, on tourne sur soi, on saute, on court … (tout en respectant les voisins!)
2) L’autre façon « championne », c’est d’aller dehors : marcher, courir, jouer, faire des activités sportives. Ça à l’air tellement simple, mais s’aérer en allant dehors, ça vivifie, ça aère le cerveau, ça le sort de la brume et de la morosité.
En temps de confinement, quand on ne veut pas ou on ne peut pas aller sur les trottoirs ou dans les parcs, on peut profiter du balcon, même en hiver, et y faire des exercices si on veut. Il faut bien sûr être prudent pour éviter d’être en déséquilibre et de chuter!
La « balcony-thérap » est avant-gardiste (inventée à l’instant!!!). Il faut seulement ne pas craindre le jugement des autres! D’ailleurs ce jugement, s’il est au départ négatif, deviendra sûrement positif. En effet, comme l’affirmait un grand psychologue, Jean Piaget : « L’intelligence est adaptation ». Alors, quand les circonstances apportent des restrictions, se réinventer pour s’adapter positivement et garder le plus possible une belle qualité de vie, c’est intelligent!
3) On prend aussi du soleil le plus souvent possible : la lumière est un autre excellent anti-déprime et anti-anxiété.
Si on manque de luminosité naturelle, il est possible de faire de la « luminothérapie ». Cette dernière n’est pas une nouvelle invention : il se vend en pharmacie et dans les magasins spécialisés des lampes pour la luminothérapie. Une exposition à ces lampes 30 ou 60 minutes par jour, selon les modèles, est recommandée.
4) Si l’anxiété se manifeste par trop de retenue, défouler ce qui reste pris en-dedans peut faire du bien. Par exemple, frapper dans des coussins ou crier à tue-tête : « Je suis tannée de la pandémie!» (à la maison si c’est possible de ne pas déranger les voisins ou lors d’une ballade en auto ou dans un endroit isolé).
5) Si l’anxiété se manifeste au contraire par de l’hyperactivité, il est conseillé de faire tout en douceur des exercices de respirations profondes, des relaxations ou des méditations ou du yoga. On trouve sur Internet d’excellentes vidéos sur ces différentes techniques, ainsi que des livres sur ces sujets. Même sans hyperactivité, ces méthodes de détente sont reconnues pour baisser le niveau d’anxiété.
5- À l’inverse tout ce qui est mauvais pour le moral peut augmenter l’anxiété.
Ce qui est mauvais pour le moral : passer beaucoup de temps assis, à ne pas bouger, à ne pas aller dehors, à ne pas prendre de soleil, à regarder des émissions stressantes ou déprimantes, à jouer à des jeux vidéos qui mettent en scène des personnages violents et des victimes de violence, à écouter sans fin des nouvelles dramatiques, entre autres sur la pandémie. Vaut vraiment mieux limiter beaucoup ce genre de « passe-temps ». Et éviter de parler de pandémie, de maladie grave et de décès, devant les enfants.
6- Quand maman ou papa ou d’autres adultes de l’entourage du jeune ne suffisent pas.
Si on observe que les problèmes d’anxiété du jeune restent présents malgré les tentatives pour les enrayer, il est bon de consulter un psychologue. Certains parents croient que leur enfant n’aimerait pas aller se confier à quelqu’un qu’il ne connaît pas. L’expérience montre qu’au contraire les enfants apprécient le fait que leurs parents se soucient suffisamment d’eux pour consulter un spécialiste des problèmes émotionnels, qui les aidera à se sentir mieux.
Ce qu’il faut dire à l’enfant avant de l’amener en consultation : 1) d’abord lui rappeler ce qui a été observé et que lui-même, l’enfant, a confirmé (par exemple, « depuis quelques semaines, tu pleures beaucoup, tu as de la difficulté à t’endormir le soir et tu as mal au ventre souvent »); 2) lui dire qu’il y a des professionnels spécialisés pour s’occuper de ce genre de problèmes, quelqu’un qui va l’aider à être plus joyeux (ou plus calme, ou plus reposé ou plus fonctionnel).
Le psychologue rencontré devra établir une relation de confiance avec l’enfant et ses parents et les voir ensemble et séparément (selon les besoins) pour évaluer la problématique et intervenir de façon adaptée à cette situation pour ce cas spécifique.
7- Quand les parents transmettre leur propre anxiété à leurs enfants
Si les parents (ou les autres personnes qui s’occupent des jeunes) sont très stressés, ils peuvent transmettre leur anxiété aux jeunes dont ils prennent soin. En amenuisant leur propre anxiété, ces personnes (parents, gardiens ou autres) aident les enfants à diminuer la leur. Les recommandations, citées plus haut pour diminuer l’anxiété, s’appliquent aux adultes qui interviennent auprès des jeunes.
Dre Lise Marcotte, psychologue, D.Ps., M.Ps. (psycho), M.A.(sexo)
5 février 2021